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A Propos

Je m'appelle Emmanuelle Maïsetti et je suis restauratrice de livres anciens. J'ai créé mon atelier en 2016 à Tours, et je travaille désormais au Portugal près de Lagos.

Si vous aimez les histoires, servez vous un petit café et je vous raconte la mienne...

 

Ma rencontre avec le livre ancien  

J'avais 18 ans, et comme la plupart des lycéens dans un cursus général, je me demandais quelle orientation universitaire allait bien pouvoir étancher ma soif de connaissances. Cependant, je savais que quelque soit mon choix, aucun d'eux ne me permettrait de travailler avec mes mains. Ces mains qui, comme le rapporte Aristote, font de l'homme le plus intelligent des animaux¹. Étais-je donc vouée à ne développer que la moitié de l'intelligence dont on m'avait dotée?

 

C'était sans compter sur l'idée inspirée de ma maman qui pour mon anniversaire, m'offrit un stage chez un restaurateur de livres anciens! Quelques larmes furent versées; elle venait de m'offrir le début de ma vie d'adulte.

Tout me plut, l'odeur du livre ancien, le bruit du plioir tapotant le cuir, le scalpel incisant la matière et surtout cette main sûre et puissante qui semblait travailler en totale liberté, sans aucune entrave, piochant dans un répertoire de mouvements où elle seule avait accès. Je crois que c'est à partir de ce jour que je suis tombée amoureuse du geste, fascinée par cette intelligence de la main².

 

 

 

 

J'ai donc entrepris une formation longue qui allait durer 4 ans auprès d'un restaurateur (Olivier Maupin) et parallèlement, intégré la faculté d'Histoire de l'Art de Poitiers. Durant ces années, j'ai initié ma main à la pratique de la restauration et entraîné mon esprit à l'étude théorique et méthodologique.

 

Ma licence en poche, je restais sur ma faim. J'avais passé 3 ans à ingérer des connaissances, sans que jamais on ne me demande une once de réflexion personnelle. C'était une période très frustrante. Et c'est seulement après avoir intégrer un "Master recherche" que j'ai vraiment pris plaisir aux études: je devais mener une enquête, réfléchir, et non plus seulement recracher par cœur des dates, des événements et des idées qui n'étaient pas les miennes.  Un univers entier s'ouvrit à moi, celui des fonds anciens des bibliothèques.

Une plongée passionnante au cœur des incunables

Pendant un an, j'ai ausculté et décrit les reliures d'origines des incunables du riche fonds de la médiathèque de Poitiers, pour aboutir à mon premier mémoire de Master: La structure codicologique des incunables, d'après le fonds de la médiathèque de Poitiers, dans lequel j'ai tenté de proposer une typologie descriptive de ces reliures.

C'était une année extraordinaire; je passais mes journées entières entourée de reliures anciennes, à les ausculter sous toutes les coutures, et à me projeter dans le XVe siècle qui les à vu naître. Je m'imaginais sans cesse les relieurs dans leur atelier, leurs gestes assurés... Je me mettais en quête des petites traces inopinées laissées par des étourderies. C'était ces petites imperfections qui me touchaient le plus, me rapprochant ainsi de l'humain plus que du technicien.

Cet attrait pour l'imperfection est toujours très vivant en moi aujourd'hui, et se retrouve dans ma conception de la restauration : la perfection d'une restauration n'est pas tournée vers un esthétisme clinquant, mais vers l'objectif de rendre à la reliure sont unicité d'origine, laissant ainsi transparaitre l'humain qui l'a créer. Car finalement, ce que je trouve passionnant dans les reliures anciennes, c'est le pont qu'elles créées entre les époques et comment elles nous font sentir l'existence de ceux qui nous ont précédés.

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Vous pouvez le télécharger en version PDF dans l'article "Ressources" du blog.

Un petit tour vivifiant aux U.S.A

C'est grâce à ce travail que j'ai eu la chance d'être invitée à la Folger Sheakspeare Library à Washington, (New Bownde: New Scholarship in Early Modern Binding) pour parler de mes recherches: Binding structures from the late 15th and 16th century: Results, needs & difficulties.

Cette expérience m'a propulsé dans un milieu absolument fabuleux pour la jeune étudiante que j'étais! Alors qu'en France j'étais relativement isolée dans mes recherches et que j'avais eu du mal à trouver un directeur de mémoire dans ce domaine - il faut bien le dire, l'histoire de la reliure n'est pas vraiment un sujet à la mode -  j'ai pu échanger pendant 3 longues journées avec des spécialiste du monde entier autour de ce sujet qui me passionnait tant! Une émulation qui ne me quitta plus et qui me conforta dans mon choix de poursuivre mes recherches universitaires.

J'avoue avoir eu un petit moment de flottement quand j'ai réalisé que je devrai parler en anglais devant une centaine de personnes!

New Bownde New scholarship in early mode

Pour consulter l'ensemble du programme, cliquez ici.

L'établissement de mes valeurs

 

   C'est donc au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance de Tours - CESR- que j'ai rédigé mon second mémoire, me donnant l'occasion d'interroger la place du livre et de la reliure au sein du patrimoineCatalogue des reliures du XVIe siècle conservées au CESR. Réflexions autour de l'objet patrimonial et de la conservation-restauration des reliures.

 

 

 

 

Alors que je commençais à restaurer des livres pour des particuliers et des libraires, j'ai pris conscience du fossé qui existe entre la déontologie préconisée par les institutions et ce qui est demandé par les particuliers ou libraires. Tandis que les premiers privilégient la valeur historique des reliures, les seconds eux, mettent en avant la valeur esthétique des ouvrages qu'ils possèdent.

Cette dichotomie m'a amener à remettre en question mes pratiques et à établir mes propres valeurs afin de servir au mieux le livre ancien. Il ne s'agissait pas tellement de prendre parti pour l'un ou l'autre, mais plutôt de poser, avant chaque intervention, une considération globale consciente sur le livre lui-même.

Mon Master II validé, ​je m'interrogeai: poursuivre les études et entamer une thèse, ou bien me mettre à mon compte et créer mon atelier ?

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Vous pouvez le télécharger en version PDF dans l'article "Ressources" du blog.

La création de mon atelier

La recherche avait un effet grisant sur moi, mais je sentais bien que la vie universitaire était une sorte de bulle, de microcosme coupé de la vie trépidante du dehors. Je côtoyais alors des librairies de livres anciens, et j'étais fascinée par ce monde où le livre vie et circule, contrairement aux bibliothèques qui me semblaient "enfermer" les livres dans une prison dorée, sous couvert de préservation et de protection. Et tout à coup, l'université, les bibliothèques, et les institutions m'ont semblé bien ternes, presque sans vie. Mon choix était fait. Je voulais ouvrir mon atelier et poursuivre mes recherches en indépendant.

La vie est remplie d'opportunités inespérées, et l'une d'entre elles fut la rencontre avec Gaëlle Cambon, une libraire de livres anciens, qui me proposa d'installer mon atelier au sein de sa librairie, en plein cœur de Tours. J'ai passé près de deux années en sa compagnie, et je dois dire qu'elle a été d'un soutien infaillible pour la jeune entrepreneur que j'étais. Se mettre à son compte dans un milieu tel que celui du livre ancien n'est pas chose aisée. Gagner la confiance des bibliophiles & des libraires encore moins. Et c'est pourquoi j'ai eu envie à mon tour, grâce à ce blog, d'offrir un soutien à tous ceux qui souhaiterai se lancer.

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Merci Gaëlle!

Credit photo: Magazine Edith

Le grand changement

Et puis, je suis devenue maman d'une petite fille. On le dit souvent, rien n'est plus pareil avec l'arrivée d'un enfant. Et heureusement! J'ai commencé par déménager mon atelier dans une petite ville proche de Tours, troquer mon appart' contre une maison avec jardin... le grand classique en somme!

Mais quelque chose ne tournais plus rond. Vous savez, cette petite prise de conscience qui fait ébranler tout votre monde si bien organisé... 80% de mon temps de vie était réservé aux livres anciens! 80%!

Ok, je les adore, mais ma vie ne se résume pas à ça! Je suis aussi passionnée par la culture du potager, la fabrication de bijou, la cuisine, l'herboristerie, la couture, le tissage, le bricolage...et sans parler de ma famille! Pourquoi alors devais-je sacrifier tout ça? Ah oui! Parce que c'est mon "métier", mon "activité professionnelle"! J'ai fais près de 10 ans d'études pour en arriver là, je ne peux pas me permettre de le reléguer au second plan, et encore moins au troisième. Et bien... si !!!

 

 

 

 

 

 

 

Vivre autrement, c'est justement vivre.

Je pose mon préavis - de 6 mois! Non mais quelle idée quand même! Un préavis de 6 mois! - et en mars 2020, nous quittons tout pour partir en voyage afin de sortir de cette prison quotidienne et prendre le temps de voir ce que la vie à a nous offrir. C'est une période d'exploration fantastique où je découvre que non, on n'est pas obligé d'avoir qu'une seule activité, et j'accorde du temps à tout ce qui me fait plaisir au gré de mes envies quotidiennes. C'est une libération sans pareille! 

Je suis maintenant installée en Algarve, au Portugal et la vie n'a jamais été aussi douce. Je partage mon temps entre ce blog, les livres anciens, le potager, la bijouterie, la cuisine, ma famille & amis, et je découvre sans cesse de nouveau champs d'exploration.

Je vous souhaite le meilleur,

Emmanuelle

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